— Eh bien ! il faut que tu m’accordes la délivrance d’un des prisonniers qui sont sous ta garde.
À ces mots l’alguazil pâlit et trembla de tous ses membres. — C’est ma tête que tu veux, s’écria-t-il : connais-tu le pouvoir de l’inquisition ? jusqu’au bout de l’univers elle atteint ses victimes !
— Fais ce que je te demande et sois sans inquiétude. Tu nous accompagneras en Zélande : il n’y a point de traîtres là.
L’Espagnol, mettant ses deux coudes sur la table, appuya sa tête sur ses mains et il parut réfléchir un moment.
— Mille ducats seront le prix de votre action, lui dit Louis de Winchestre, et, tirant sa bourse, il voulut la lui donner.
Le familier de l’inquisition la repoussa :
— Ni pour mille ni pour dix mille ducats, répondit-il, je ne tenterais un coup si téméraire ; mais pour m’acquitter envers le brave homme qui a tué mon ennemi !… comptez sur moi : je le livrerai ou je serai victime de mon audace. Es-tu content, Dirk ?
— Je reconnais mon ancien camarade, répondit le pilote d’un air satisfait.
— Et le nom du prisonnier ?
— Le colonel de Waldeghem.
— C’est un vieillard infirme, reprit l’alguazil en secouant la tête ; il faudra que vous m’aidiez à le tirer de cage, car il ne peut marcher.
— J’irai avec vous, dit Louis de Winchestre ; je descendrais jusqu’aux enfers pour le délivrer.