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souvent dans le palais du Roi, elles avaient vu d’un œil sec leur maîtresse vouée au supplice, et le seul sentiment qui régnât dans leurs cœurs avilis et corrompus c’était la crainte qu’on ne leur fît un crime d’avoir été témoins de cet épouvantable meurtre.

Cependant les quatre soldats qui gardaient la porte s’étaient précipités sur le téméraire jeune homme ; mais lui, déployant une force et une agilité surnaturelles, détourna leurs coups, brisa leurs hallebardes, et fracassa leurs armures : son sabre est comme une muraille d’airain que les piques ne peuvent traverser, on dirait qu’il se multiple pour faire faire de toutes parts, et, quoique seul contre quatre, l’intrépide Flamand n’a point encore reçu une seule blessure, tandis que le sang de ses adversaires coule à grands flots.

— À moi, Wallons ! à moi, compatriotes ! s’écria-t-il d’une voix de tonnerre en redoublant ses efforts. Braves gens de Liège et du Hainaut, au secours !

Il y avait dans un corridor voisin un poste de gardes wallonnes : comme ces braves soldats avaient souvent querelle avec les autres troupes, ils s’imaginèrent qu’un de leurs compagnons était en danger ; ils accoururent aussitôt, l’épée à la main, et, fondant sur les quatre Espagnols, ils les hachèrent en pièces, comme des traîtres et des assassins.

Cependant un homme pâle et hors d’haleine accourait à toutes jambes ; c’était le Roi lui-même : dépouillant cette fois la gravité qui ne le quittait