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Cet officier, armé de toutes pièces et le sabre à la main, marcha droit à la princesse : sa figure brutale, sa démarche lourde et son maintien ignoble annonçaient une origine basse et un caractère grossier ; son regard était menaçant et son sourire féroce ; mais quand ses yeux rencontrèrent ceux d’Anne d’Autriche il resta interdit ; la parole expira sur ses lèvres entr’ouvertes, et sans proférer un seul mot il la salua gauchement.

— Que me voulez-vous ? dit la Reine.

— Madame, répondit l’officier tremblant,… Votre Majesté,… Madame,… le Roi mon maître… Pardonnez-moi, Madame,… et à chaque mot il reculait d’un pas.

La princesse eut la patience d’attendre qu’il se fût un peu calmé ; tortillant alors ses moustaches d’une main, tandis que de l’autre il caressait le pommeau de son sabre, il parvint à se rappeler la harangue qu’il avait préparée : Madame, dit-il,… d’après l’avis du conseil de conscience et de la sainte inquisition, Sa Majesté le Roi croit devoir punir le zèle que vous avez témoigné dans toutes les rencontres pour la cause des hérétiques ; mais, respectant dans Votre Majesté sa parente et son épouse, il vous laisse le choix du genre de mort. Comme vous avez reçu hier soir l’absolution, et que vous avez communié ce matin, le Roi pense qu’il n’y a pas besoin que Votre Majesté se prépare longtemps à ce sacrifice expiatoire.

— J’y étais préparée, répondit Anne d’Autriche