Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de dissimulation. Jeune homme, ne soyez pas surpris que je vous parle si librement : mon cœur a besoin de s’épancher, et vous êtes le seul compatriote que j’aie rencontré dans ce pays ; car on m’a enlevé ou l’on a corrompu jusqu’à ceux qui me servaient. La fille de l’empereur Maximilien n’est entourée que d’étrangers et d’espions.

Louis de Winchestre, vivement ému, mit un genou en terre et jura de se montrer digne de la confiance que lui témoignait cette illustre souveraine.

— Je puis aspirer à votre estime, dit-il ; car je suis un Gruthuysen, et Guillaume de Nassau m’a remis ses plus chers intérêts.

— Guillaume de Nassau ! répéta la Reine, dont la figure exprimait à la fois l’étonnement et la curiosité ; vous connaissez ce grand homme ?

— J’ai combattu à ses côtés.

— Oh ! dites-lui qu’il y a dans ce palais une personne qui ne partage point la haine injuste qu’on lui a vouée ; dites-lui que mon cœur a compris ses sentiments généreux ; que j’ai pleuré ses malheurs, que j’ai même tâché de les adoucir… Je me suis efforcée de rendre moins cruelle la captivité de son fils.

— Que Dieu vous récompense ! reprit le jeune Flamand ; vous avez mérité l’amour et la reconnaissance de tous les Belges.

— Hélas ! j’ai pu faire bien peu de chose : le fils de Guillaume de Nassau est resté entre les mains de moines fanatiques, qui étouffent dans son âme le