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publiquement son aversion pour toutes les innovations. Reprenant donc le ton solennel qui lui était ordinaire, il repartit aussitôt : Votre demande est juste, bon père ; on n’a pas besoin d’ordres inconnus, puisqu’il en existe tant de recommandables par leur mérite et leur expérience dans la conduite des âmes. Nous y pourvoirons ; mais, pour le moment, qu’on ne songe qu’à se réjouir de l’exaltation de l’âme de notre père ; nous donnerons audience à nos sujets une autre fois, ce jour doit être un jour de prière et de sanctification.

Quoique les solliciteurs, ainsi congédiés, donnassent au diable, du meilleur de leur cœur, l’âme de l’empereur Charles-Quint, et le moine qui avait joué cette comédie, il n’en fallait pas moins qu’ils affectassent de se réjouir. Le Roi demeura dans la galerie pour les voir se retirer, comme s’il se fût fait un malin plaisir de leur désappointement ; enfin, quand il n’en resta plus que quelques-uns, du nombre desquels étaient le père Lucas d’Alienda et Louis de Winchestre, Philippe retourna dans l’intérieur du palais ; mais, avant qu’il ne quittât la salle, le jeune Belge l’avait entendu dire au secrétaire d’État : Antonio Pérez, je vous recommande le bon père qui m’a rapporté cette admirable révélation. Pérez répondit par un sourire sinistre, dont le Flamand fut étonné ; mais il eut lieu, dans la suite, d’en deviner la signification.