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CHAPITRE XXX


Fidèle à sa promesse, Louis de Winchestre s’était chargé des dépêches du duc d’Albe, et, suivi du seul Dirk Dirkensen, il avait pris la route d’Espagne. Il traversa en peu de jours la France. Ce pays jouissait alors de cette paix trompeuse qui précéda le massacre de la Saint-Barthélemy ; les routes étaient sûres, les campagnes couvertes de riches moissons, et partout régnaient l’abondance et la tranquillité. Les deux voyageurs, doués d’une constitution robuste et endurcis à la fatigue, couraient à franc étrier, sans presque prendre de repos ; car l’un brûlait d’impatience d’accomplir les missions diverses qu’on lui avait confiées, l’autre trouvait le mouvement du cheval assez semblable au roulis d’un navire, et il croyait qu’il eût fallu être plus délicat qu’une femmelette pour se plaindre d’un pareil tangage.