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que la fille du comte de Waldeghem doit à sa renommée ; soumise aux ordres de ma parente, je ne me séparerai point d’elle : plutôt mourir que de manquer à ce que demandent de moi l’honneur et la reconnaissance.

En achevant ces paroles elle se rassit à côté de la vieille dame, et, les yeux baissés, les mains jointes, dans l’attitude de la résignation, elle attendit en silence que son sort se décidât.

Bientôt des cris perçants se firent entendre : quelques soldats avaient déjà pénétré dans la ville et y répandaient l’épouvante. Alors la baronne, éperdue, fut la première implorer le secours du mulâtre : Venez donc, dit-il, et, s’il en est temps encore, je vous sauverai. À ces mots, il offrit à Marguerite le secours de son bras ; mais elle lui montra la vieille dame qui pouvait à peine se lever, car ses genoux se dérobaient sous elle. — Ma tante ! dit-elle, sauvez ma tante ! je tâcherai de vous suivre. — Don Alonzo fit un geste d’admiration, et, soutenant d’un bras robuste la douairière, paralysée par la frayeur, il la porta plutôt qu’il ne la conduisit à une porte de derrière, d’où, traversant quelques rues détournées, il arriva bientôt à une maison antique et de peu d’apparence. C’est ici votre refuge, dit-il en y faisant entrer les deux dames. Puis, déplaçant une lourde pierre qui recouvrait un escalier secret, il les fit descendre dans un passage humide et obscur qui aboutissait à une chambre souterraine, où la lumière ne pénétrait que par de petites lucarnes soigneusement grillées. Ce fut là qu’il