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vous combattez est un Dieu de paix et de miséricorde ! dirent les ecclésiastiques.

— Vous avez été époux, vous êtes père, ajoutaient les femmes et les vieillards, ayez pitié de nous !

Le duc restait inflexible ; les Belges royalistes qui se trouvaient dans le camp se joignirent à leurs malheureux compatriotes : l’évêque d’Ypres le premier, quoiqu’il fût dévoué à la cause monarchique et qu’il se fût enfui de Malines quand les patriotes avaient pris le dessus, se jeta aux pieds du gouverneur et le conjura en pleurant d’épargner la ville. Enfin les Espagnols aussi implorèrent sa clémence, et répétèrent avec les Flamands :

— Grâce ! monseigneur, grâce pour un peuple égaré !

— Et vous voudriez, dit Ferdinand de Tolède, que je laissasse la révolte impunie ? Vous avez accueilli les patriotes dans vos murailles ; vous leur avez prodigué les vivres, l’argent, tous les secours que vous m’aviez refusés, et vous me demandez grâce !

— Monseigneur, répondit un des députés, beaucoup d’habitants gémissent de l’erreur de leurs compatriotes ; mais l’ennemi était le plus fort, nous ne pouvions rien lui refuser impunément.

— Et qui me livrera les chefs de la révolte ?

— Ils se livreront eux-mêmes ! s’écria un homme d’une haute taille et de formes athlétiques ; c’est moi qui ai introduit Bernard de Mérode dans nos murs ; c’est moi qui suis l’auteur de ce que tu appelles