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LE GUEUX DE MER

bois[1] est tombé sous mon épée, et, Dieu aidant, elle châtiera encore plus d’un gueux de mer. Je le déclare hautement, sans craindre que personne me contredise, quoique peut-être il se trouve ici des gens dont l’opinion est justement suspecte (et il s’arrêta un moment, pour jeter un regard de mépris sur les bourgeois) : — Les rebelles et les hérétiques n’ont pas de plus grand ennemi que Christophe de Sandoval ; et, pour dire toute ma pensée, je voudrais qu’il se présentât devant moi quelque partisan du prince d’Orange, militaire ou marin ; j’aurais bientôt appris à ce misérable à respecter un soldat du roi.

En achevant ces mots il frappa sur son sabre, comme pour provoquer tous ceux qui étaient présents. Plus d’un brave Flamand frémit d’indignation à cette vue ; mais telle était l’épouvante qu’avait inspirée l’excessive rigueur du duc d’Albe que personne n’osait opposer de résistance aux Espagnols, et les militaires de cette nation pouvaient impunément braver les Belges courbés sous le joug. Il n’y eut donc personne qui releva le défi porté par don Sandoval : seulement, le jeune marin que Marguerite avait remarqué releva la tête et tourna vers l’officier ses yeux étincelants ; mais, soit que celui-ci n’y prît pas garde, ou que toute autre considération l’arrêtât,

  1. Tout le monde sait pourquoi les patriotes belges avaient dans le principe adopté le nom de gueux. Ce nom fut ensuite spécialement appliqué à ceux qui faisaient par terre ou par mer la guerre de partisans. — Aujourd’hui encore, dans les villes de Flandre, le peuple donne aux réformés le nom de Geuzen.