— Cent mille florins, vieux renégat ! s’écria le capitaine Von Hohenstrass en portant la main à son sabre. Ah ! pourquoi Son Altesse ne me laisse-t-elle pas faire le traité ! tu donnerais la somme, et tu n’aurais en gage que cinquante coups de plat de sabre sur tes épaules.
— Jamais Guillaume de Nassau n’emploiera la violence pour se procurer de l’argent, répondit le prince ; mais quand la révolte éclatera, alors, capitaine Von Hohenstrass, je vous recommande celui dont l’infâme avarice aura causé le malheur public.
— Comptez sur moi, monseigneur ; j’ai servi dans les Croates.
— Mais si les gages ne se vendaient qu’avec perte, Votre Altesse me rendrait-elle mon argent, et les intérêts de mon argent ? demanda l’usurier.
— Je le ferais.
— Et si Votre Altesse mourait ou était ruinée ?
— Vous vous adresseriez aux princes d’Allemagne auxquels je suis allié. Il n’en est pas un qui refusât de remplir ma promesse.
— Eh bien ! monseigneur, par patriotisme, par pur patriotisme, je vais dresser un acte par lequel vous m’engagez vos équipages, vos bijoux et votre argenterie, pour la somme de quatre-vingt-dix… de cent mille florins, sauf à me dédommager si l’affaire était désastreuse pour moi.
Tirant alors de sa poche une écritoire, du parchemin, des plumes et de la cire à cacheter, il rédigea l’obliga-