crains qu’il ne me trompe : à quel homme peut-on sans danger remettre aveuglément le soin de son salut ? Mais vous l’observerez, don Alonzo, et s’il vous était suspect… vous me comprenez…
Le mulâtre fit un pas en arrière :
— Tuez-le sans pitié, s’écria Ferdinand de Tolède en saisissant son poignard, comme si la victime de ses soupçons eût été devant lui.
Don Alonzo ne donna aucune marque d’horreur ou d’assentiment : il demeurait immobile comme une statue.
— Je sais, reprit le féroce Espagnol, que nous avons reçu un service de ce comte de Winchestre… aussi le récompenserai-je amplement s’il s’acquitte bien de sa mission… et qu’il échappe ensuite aux mains de Philippe. Mais s’il voulait me trahir !… Don Alonzo, je suis votre père… faites-moi le serment de le tuer.
Le mulâtre étendit la main… mais avant qu’il proférât un seul mot : — Une Bible ! s’écria le duc ; jurez sur la Bible !
— Vous n’avez pas exigé de serment de lui, répondit froidement le jeune noir.
— Il fallait affecter de la confiance… mais avec vous je puis être sans détours. Mon fils, vous hésiteriez peut-être à frapper cet homme ; il faut vous engager par un serment terrible et solennel.
— J’y suis prêt !
Ferdinand de Tolède plaça sur la table une bible imprimée en caractères hébraïques et, l’ouvrant avec