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LE GUEUX DE MER

nécessaire pour obéir en tout aux conseils, ou plutôt aux ordres de son curé et des officiers de la garnison espagnole.

Il salua profondément la baronne de Berghes, et un peu moins bas Marguerite, dont la beauté et le costume simple lui arrachèrent un mouvement de surprise ; et, présentant la main à toutes les deux, il les conduisit avec beaucoup de peine au salon, où la société était réunie.

C’était une salle assez grande, décorée de tapisseries de Bruges, de glaces de Venise et de buffets de bois précieux. Elle était remplie de cavaliers et de dames qu’on n’apercevait que par derrière, car elles étaient assises de manière à tourner le dos à ceux qui entraient. Mais, au nom de la baronne de Berghes et de la comtesse de Waldeghem, il se fit un mouvement général dans l’assemblée : les dames se levèrent, tandis que deux officiers espagnols accouraient au bourgmestre, et, tout en lui adressant quelques excuses, le repoussaient assez brusquement et s’emparaient de la main des deux nouvelles venues.

À l’air hautain et à la démarche assurée de ces deux militaires, il était facile de voir qu’ils se croyaient faits pour dicter des lois au reste de l’assemblée : en effet chacun semblait se ranger pour leur céder le passage, et ils forcèrent presque toutes les dames à se déplacer pour faire asseoir la baronne et sa nièce au centre du salon.

De pareilles manières étaient quelque chose de si