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— Vous aviez donc de graves motifs pour vous séparer de lui, au moment même de sa convalescence ?

Louis de Winchestre rougit. — Je suis venu, dit-il, pour tirer d’un péril peut-être imminent, une dame respectable, alliée à ma famille, et une noble demoiselle, pupille de mon aïeul.

En s’exprimant ainsi son maintien était embarrassé et la confusion se peignait sur ses joues. Son agitation redoubla quand le duc reprit : — Toutes deux, je pense, vous sont chères ?

— La plus jeune, répondit-il, est l’enfant d’adoption de mon aïeul ; j’ai été élevé avec elle… mais je désire également les sauver toutes deux.

— Et ne puis-je savoir quel danger les menace ?

Louis de Winchestre raconta en peu de mots l’enlèvement, la captivité et l’évasion des deux dames, en omettant toutefois la part qu’il avait eue dans leurs aventures. Quand il eut terminé son récit, le gouverneur se retourna pour écrire quelques lignes ; puis il lui remit un papier signé de sa main.

Le jeune homme prit le papier d’une main tremblante. Il le lut : c’était l’ordre d’étouffer toute poursuite contre la baronne de Berghes et la comtesse de Waldeghem, et de les mettre immédiatement en liberté, si elles étaient déjà arrêtées.

Il est impossible de dépeindre l’impression que fit sur le Flamand la lecture de cet ordre. Ivre de joie il oublia un moment tous les crimes de celui qui lui rendait sa bien-aimée : il ne vit plus en lui l’oppres-