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— Je suis charmé, dit-il en regardant tour à tour chacun de ses conseillers officieux, que vous croyiez don Philippe si bien disposé ; je dois lui rendre compte des motifs de ma conduite, et comme je ne veux pas que des dépêches soient soumises d’abord à des ministres peut-être malveillants, je me propose d’en charger une personne de confiance : vous ne pensez pas que ce message soit dangereux, n’est-il pas vrai ?

— Au contraire, monseigneur, répondit Jean de Vargas, auquel le duc semblait particulièrement s’adresser ; celui qui portera vos dépêches au Roi doit s’attendre au plus favorable accueil.

Un nouveau sourire parut sur les lèvres du gouverneur et ses yeux brillèrent d’une joie maligne : — Ainsi donc, seigneur président, reprit-il d’un ton plus grave, vous voudrez bien vous préparer à partir demain pour Madrid ; je vous dois une récompense, et j’espère que Sa Majesté s’en chargera.

Le licencié pâlit et balbutia quelques mots inintelligibles.

— Permettez-moi, don Jean de Vargas, de vous faire mon compliment bien sincère, lui dit Albernot en s’inclinant.

— Vous pouvez compter sur un brillant salaire, ajouta le conseiller de Rhoda. Alors, le président, qui s’était un peu remis, reprit la parole :

— Je prie Votre Excellence, dit-il, de considérer qu’il y a actuellement quinze mille causes pendantes