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contre les autres ! Gouvernez seul les Dix-Sept Provinces, et puisse votre administration être heureuse et honorable ! puissent les ennemis de la religion et de l’État succomber sous vos coups ! Je n’aspire plus qu’à l’honneur de combattre comme volontaire sous les drapeaux de mon Roi.

— Et votre flotte ! et vos trésors ! s’écria le gouverneur d’un air impérieux.

— On vous remettra tout ce qui me reste, répondit le duc de Médina-Cœli. Adieu ! don Ferdinand.

Il sortit seul : ses officiers vinrent se mêler à ceux du duc d’Albe, et les Belges, qui voyaient s’évanouir leur espérance, n’osèrent pas faire entendre le plus léger murmure.

— Compagnons, dit le gouverneur aux militaires qui se pressaient maintenant autour de lui, je compte sur vous ; le moment des combats est arrivé : demain nous partirons ensemble pour le Hainaut.

— Vive le duc d’Albe ! s’écrièrent-ils tous avec transport ; mort aux hérétiques et aux rebelles !

— Et bonne fortune aux braves ! reprit le duc. À demain, mes nobles amis ; à demain !

Il s’éloigna, suivi seulement de quelques-uns de ceux qui avaient part à sa confiance ; le reste de l’assemblée s’écoula lentement, les uns joyeux, les autres tristes, tous encore étonnés du spectacle dont ils avaient été témoins.

Seul avec le mulâtre, dans un coin de la salle, Louis de Winchestre restait immobile et rêveur. — Il