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Belges qui se trouvaient présents osèrent-ils tourner leurs regards de son côté, et quoique tout dût leur faire présager une prompte délivrance, ils frissonnaient chaque fois que des éclats de cette voix impérieuse venaient frapper leurs oreilles.

Bientôt on entendit le roulement des tambours et le son des fanfares. Alors un profond silence régna dans l’assemblée, et tous les yeux se fixèrent sur la porte par laquelle devait entrer le duc de Médina-Cœli.

Après quelques minutes d’attente on vit paraître un jeune homme vêtu à l’espagnole, avec plus d’élégance que de somptuosité : son pourpoint de satin blanc n’avait d’autre ornement qu’une légère broderie d’or ; quelques plumes blanches flottaient sur sa toque, et un manteau court, à la manière française, était attaché à ses épaules, à peu près comme le sont aujourd’hui les pelisses de nos hussards.

La figure de ce jeune homme était douce et son regard modeste ; rien dans sa contenance ni dans ses vêtements n’eût pu le faire reconnaître pour un grand d’Espagne, s’il n’eût gardé sa toque sur la tête, tandis que les officiers qui le suivaient marchaient la tête découverte.

À son aspect un murmure sourd, semblable au gémissement du feuillage, se répandit dans l’assemblée. On vit la joie et la confiance se peindre dans les regards des Belges, car la physionomie de ce nouveau gouverneur annonçait la bonté.

Le duc d’Albe vint à sa rencontre jusqu’au milieu