— Ah ! monseigneur !
— Comme un homme dévoué…
— Ah ! Votre Excellence !
— Comme le modèle des secrétaires…
— Que je suis heureux d’avoir un si bon maître !
— Comme un ami…
Albernot voulut se jeter aux pieds du duc ; mais l’Espagnol, le repoussant avec un visage sévère, ajouta d’un ton railleur :
— Comme un courtisan adroit, toujours prêt à adorer le soleil levant !
Le secrétaire resta pétrifié. Après avoir joui un moment de sa surprise et de son inquiétude, le gouverneur partit d’un éclat de rire. — Ne tremble pas, dit-il, je ne t’en veux point ; je te connaissais d’avance, et j’appréciais à leur juste valeur tes protestations de zèle. Mais suis-moi, fidèle Albernot ; tu vas voir que ce nouveau soleil n’était qu’un météore passager.
Il sortit à ces mots ; Albernot ramassa la toque et le collier de la Toison d’or, et suivit son maître la tête baissée.