s’apaisant un peu, prit la parole. Le misérable robin ! dit-il, comme il m’a résisté !
— Le péril passé, répondit le secrétaire, les plus lâches deviennent les plus arrogants. C’est l’approche du duc de Médina-Cœli qui donne tant de hardiesse au Frison.
— Mille malédictions sur sa tête !
— Il y a un mois que les moindres désirs de Votre Excellence eussent été des lois sacrées pour ce manant.
Le duc, fixant ses yeux noirs sur son secrétaire, lui dit d’un ton grave : — Albernot, vous mentez. Cet homme m’a toujours résisté, sinon avec hauteur, du moins avec persévérance.
Une décharge d’artillerie se fit entendre au même moment. — Le duc de Médina-Cœli arrive, dit Albernot d’un air triste et abattu.
— Vous en paraissez affligé ? reprit l’Espagnol.
— Et quel ami du gouvernement ne s’attristerait pas à cette nouvelle ? un héros remplacé par un courtisan, la mollesse succédant à la valeur !
— Bien, bien, Albernot ! Savez-vous si mon futur successeur a fait choix d’un secrétaire ?
Le secrétaire changea de figure, et l’espérance se peignit dans ses regards : — Je l’ignore, répondit-il de sa voix la plus douce.
— Je vous recommanderai à lui, dit le duc en souriant…
Albernot fit une profonde révérence.
— Comme un bon serviteur, Albernot.