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nous importe peu. Est-ce donc un homme si redoutable que Guillaume ?

Quelques-uns des conseillers ne purent s’empêcher de sourire, mais un regard foudroyant les fit trembler.

— Maintenant, messieurs, reprit le duc, mon secrétaire va vous donner lecture d’un rapport sur lequel vous aurez à délibérer immédiatement.

Albernot ramassa ce rapport, qu’il avait laissé tomber avec les autres papiers ; il contenait d’abord un état des troupes qui se trouvaient dans les Dix-Sept Provinces. On les portait à 12 régiments d’infanterie allemande, 50 compagnies d’Espagnols, 150 enseignes de Wallons ou gens de pied du pays, dix mille cavaliers allemands, trois mille autres des bandes d’ordonnance, et deux mille chevau-légers[1]. Après avoir exposé la situation de ces différentes troupes, on évaluait les dépenses nécessaires à leur entretien, et l’on proposait, outre l’impôt ordinaire de deux millions de florins, la levée du centième denier.

La lecture du rapport achevée, le duc d’Albe se leva, et, d’un air capable d’intimider les plus hardis, il demanda si les conseillers n’approuvaient pas tous cette mesure.

Il est probable que personne n’eût osé faire d’objection si l’on n’eût espéré que la puissance du gou-

  1. Ce détail, tiré de Van Meteren, prouve bien l’injustice de ceux qui représentaient Guillaume de Nassau comme ayant été vaincu par une poignée d’Espagnols. Le prince d’Orange dit lui-même, dans son apologie, que les forces de son adversaire étaient presque toujours décuples des siennes.