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aux tourbillons de vent qui s’engouffraient dans l’édifice ruiné et au bruit des chevaux qui approchaient.

— En joue ! dit le chef… Visez surtout au nègre… Maintenant… Il allait dire feu ! mais avant qu’il eût prononcé le mot fatal un coup partit et trois balles vinrent lui fracasser la tête : c’était Dirk Dirkensen qui avait tiré.

L’Espagnol tomba sans pousser un seul cri. Dirk en renversa un second à coups de crosse, tandis que le jeune Flamand fondait l’épée à la main sur les trois autres.

Trop brave pour les attaquer par derrière, il leur cria d’une voix menaçante : défendez-vous, lâches ; tournez vos arquebuses de ce côté ! — Les Espagnols se retournèrent et le couchèrent en joue ; mais la surprise, la frayeur et surtout l’obscurité rendirent leurs coups incertains ; une seule de leurs balles atteignit le casque du guerrier et enleva son panache.

Après avoir essuyé leur feu, Louis se précipita sur eux comme le lion bondissant sur sa proie. Son glaive acéré fendit le heaume d’un des assassins et brisa son crâne, un autre tomba percé de part en part : le dernier voulut fuir, il sauta par la fenêtre, mais le jeune homme s’élança après lui, l’atteignit, lui arracha son épée, et, le traînant aux pieds de la statue devant laquelle brûlait une lampe, il l’examina un moment en silence, puis, levant sa visière : Me reconnais-tu ? lui dit-il ; Christophe de Sandoval, me reconnais-tu ?