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Après une demi-heure d’attente l’orage cessa, et ils virent la possibilité de continuer leur voyage ; mais dans le même instant ils entendirent des gens armés entrer précipitamment dans une salle voisine, dont les fenêtres donnaient sur la grande route. C’étaient des militaires espagnols : ils s’entretenaient dans leur langue, et, comme ils se croyaient seuls, ils parlaient à haute voix.

— Allons ! dit l’un, préparons nos arquebuses, ils ne sont plus qu’à quelques pas d’ici : vous, messieurs, placez-vous à la première fenêtre ; don Christophe et moi nous nous tiendrons dans l’embrasure de la seconde.

À ce discours singulier les deux Belges se rapprochèrent de la muraille qui les séparait seule des nouveaux venus, et à travers les crevasses ils aperçurent cinq hommes enveloppés de larges manteaux : les uns portaient des casques, d’autres de grands chapeaux à bords rabattus ; tous étaient munis de longues arquebuses. Un moment après on entendit les pas de quelques chevaux. Les voici, messieurs, dit l’Espagnol qui paraissait le chef de la troupe ; attention !

— Je réponds du nègre, reprit une voix…

— Et moi de son camarade, dit une autre.

Sans proférer une syllabe, Louis de Winchestre mit l’épée à la main, le vieux Zélandais saisit son mousquet posé contre la muraille, et ils se glissèrent dans la salle où les cinq assassins étaient réunis. Ceux-ci ne les entendirent point, grâce