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Nec spe, nec metu[1], et virent les derniers rayons du soleil couchant réfléchis sur les vitraux gothiques de la riche abbaye d’Afflighem. Le ciel avait été serein pendant le reste du jour, mais vers le soir il se couvrit de nuages menaçants ; on entendait gronder au loin le tonnerre, la foudre éclata, et les deux voyageurs, surpris par l’orage, furent contraints de s’arrêter à une lieue de Bruxelles.

Ils se réfugièrent dans un vaste bâtiment, qui paraissait avoir été la proie d’un incendie. Le toit était écroulé ; les poutres à demi dévorées par le feu menaçaient d’une chute prochaine, les murailles étaient noircies et crevassées, et il ne restait plus ni portes ni fenêtres aux appartements.

Au milieu de ces ruines et de cet abandon, une petite statue de la Vierge était restée intacte à l’un des coins de l’édifice, et une lampe brûlait à ses pieds, soit que les anciens propriétaires du bâtiment eussent chargé de ce soin quelqu’un des habitants du voisinage, soit que la dévotion des paysans d’alentour les eût portés à entretenir cette lumière lorsque déjà la flamme du foyer de la maison était éteinte pour toujours.

Les deux voyageurs entrèrent dans cet édifice abandonné ; ils attachèrent leurs chevaux sous un hangar, et trouvèrent dans une des salles délabrées de la maison un asile contre la pluie qui tombait par torrents.

  1. Ni par espérance, ni par crainte.