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quitter le chevet de son lit. Le troisième jour, les médecins déclarèrent que le péril était passé. Aussitôt Louis de Winchestre revêtit son armure sur un coursier vigoureux, il prit la route de Bruxelles.

Quoique les guerriers de cette époque fissent un fréquent usage des armes à feu, ils avaient conservé les heaumes inflexibles, les lourdes cuirasses, les brassards, les cuissards, les gantelets ferrés et tout l’équipage de l’ancienne chevalerie ; seulement on avait appris des Italiens à donner aux diverses pièces de l’armure des formes plus élégantes et plus commodes, et à diminuer l’épaisseur des plaques de métal : aussi Louis de Winchestre, quoiqu’il eût perdu l’habitude de s’équiper de la sorte, ne se trouva ni trop gêné, ni trop fatigué par ses armes, et son bon cheval ne parut pas avoir perdu sa force et sa légèreté sous le fardeau qu’il portait.

Dirk Dirkensen était le seul qui eût reçu la permission d’accompagner le jeune homme. Vêtu d’un costume d’écuyer, aux couleurs des Gruthuysen, le vieux marin chevauchait peut-être pour la première fois de sa vie ; mais, accoutumé à grimper sur les mâts et à se tenir aux moindres vergues, il serrait des deux genoux les flancs de son coursier, et s’y attachait de manière à pouvoir défier les ruades et les soubresauts.

Ils cheminèrent la plus grande partie de la journée, traversèrent la ville de Gand et celle d’Alost, où brillait, sur l’hôtel municipal, la devise de Philippe II :