la manière dont elles s’étaient tirées de prison.
La baronne, un peu calmée, prit la parole, et fit d’abord sa profession de foi politique et religieuse ; puis elle en appela aux opinions connues de sa famille, et surtout de son frère le colonel.
— Le colonel de Waldeghem ! interrompit Jean de Vargas avec un sourire ironique ; des lettres d’Espagne m’apprennent qu’il est lui-même emprisonné pour crime de trahison…
Cette nouvelle imprévue jeta les deux dames dans l’apathie du désespoir. Elles se mirent à pleurer, sans pouvoir prononcer une seule parole.
— N’avez-vous plus rien à dire ? s’écria le brutal président.
La douairière fit un nouvel effort : Seigneur, dit-elle, l’accusateur est notre ennemi personnel…
Jean de Vargas changea de figure, et son air sombre se dissipa un peu. — Vraiment ! dit-il, vous le haïssez donc ?
— Nous en avons sujet, reprit la vieille dame.
Le président se tourna vers les juges : Voici, dit-il, l’éclaircissement dont j’avais besoin. Don Christophe de Sandoval, étranger et inconnu à Bruxelles, a été assassiné cette nuit ; on ne savait à qui imputer ce crime, mais la justice céleste poursuit les coupables, et vous reconnaîtrez maintenant, sans peine, les auteurs de ce meurtre.
— Is fecit cui prodest[1], répondit le conseiller de
- ↑ « Celui-là a commis le crime qui avait intérêt à le commettre. » C’est un axiome de droit.