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— Qu’on le prenne vivant ! criait le chef des Espagnols, l’échafaud doit être son partage.

Accablé par le nombre et acculé contre le mur de la prison, l’intrépide Zélandais se trouva enfin si pressé qu’il ne pouvait plus faire usage de sa massue. Le voilà pris, dit l’officier en lui mettant la main au collet, et les soldats répétèrent d’un ton menaçant : il est pris !

— Pas encore, répondit Dirk Dirkensen, et, saisissant par le milieu du corps l’officier espagnol, il se précipita avec lui dans le fossé, qui baignait le pied de la prison.

Ni l’un ni l’autre ne reparurent à la surface de l’eau. On retrouva plus tard le cadavre de l’officier ; son cou noir et gonflé portait l’empreinte des mains redoutables de son ennemi. Pour le marin, on n’en découvrit pas le moindre vestige comme si son corps se fût entièrement dissous dans l’élément sur lequel il avait vécu.

Toute cette scène s’était passée sous les yeux des deux captives. — C’en est fait, dit la vieille dame en voyant tomber Dirk Dirkensen ; le rebelle a succombé.

— Pauvre pilote ! murmurait Marguerite, en essuyant ses larmes ; serais-je la cause de ta mort ?