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éclairée qui se trouvait au haut de l’une des tours. — Ah çà ! dit-il avant de les quitter, n’allez pas ouvrir la bouche sur le présent que vous m’avez fait ; car vos dépouilles appartiennent au conseil des troubles, et voilà pourquoi on ne fouille plus les prisonniers : on se contente d’en hériter.

— Mais nous ne sommes pas encore condamnées, répondit Marguerite.

Le geôlier haussa les épaules et ferma la porte.

Le malheur semblait avoir épuisé le courage des deux dames, une prière fervente les ranima ; elles invoquèrent la justice céleste et se sentirent soulagées. Cependant la baronne ne pouvait se consoler de souffrir pour pareil motif, et elle s’affligeait moins, du danger de sa position que de la honte d’être confondue avec des traîtres et des parjures.

Marguerite s’efforçait de distraire sa tante ; elle la fit asseoir près d’une fenêtre d’où l’on découvrait les remparts de la ville et une partie des environs, elle lui fit remarquer les châteaux et les villages qu’on apercevait au loin, lui montra la grosse tour de Malines, et la flèche de la cathédrale d’Anvers, qui semblait se perdre dans les nues.

Un autre spectacle attira leur attention : assez près de la prison, des ouvriers et des gens du peuple travaillaient à dégager un bateau qui était submergé dans le fossé qui entoure la ville. Ils employaient vainement les cordes et les pieux : le bateau restait enfoncé dans la vase et tous leurs efforts ne pouvaient l’ébranler.