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basse et étroite, et, à travers un long corridor obscur, elles parvinrent au logement du geôlier. Alors celui qui commandait l’escorte prit la parole : — Camarade, dit il, voici deux fameuses rebelles ; elles se sont déjà plus d’une fois échappées de prison ; prends garde qu’elles ne se sauvent d’ici, il y va de ta tête.

— C’est bon, c’est bon, répondit le gardien d’un ton un peu moins rude qu’à l’ordinaire (car il avait remarqué la richesse du costume de ces nouvelles captives) ; on ne se tire pas facilement de dessous mes clefs. Venez par ici, mesdames les patriotes ; passez devant moi, je vais vous mettre en sûreté.

Il les conduisit dans un cachot sombre et humide, dont la vue les effraya mortellement. — Au nom du Ciel ! s’écria la baronne, ne nous enfermez pas dans ce tombeau ; nous sommes catholiques et royalistes comme vous.

Le geôlier secoua la tête. — Croyez-vous que je me laisse prendre à de pareilles ruses ? dit-il ; je suis un vieux routier et je reconnais un hérétique au premier coup d’œil : ainsi vous ne m’en imposerez pas là-dessus. Mais, tenez ! vous m’inspirez compassion, et je veux vous prouver que je suis un bon diable : il y a là-haut une petite chambre où couchent ma femme et mes enfants ; je vous la céderai, pourvu que vous me donniez les moyens de louer un autre logement dans le voisinage.

La baronne lui remit sa bourse : aussitôt il les mena dans une petite chambre assez propre et bien