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rent de ses yeux : Je le savais d’avance, dit-elle ; vous braverez tous les périls plutôt que de me sacrifier, car je possède en vous une seconde mère.

— Oui, chère fille, répondit la baronne, en l’embrassant, il n’est rien qui m’empêchât de te protéger de tout mon pouvoir : mais, Marguerite, ma bonne Marguerite, efforcez-vous, je vous en conjure, d’oublier cet officier des rebelles, qui, je m’en suis bien aperçue, occupe toutes vos pensées ; songez que je mourrais de douleur, si ma nièce aimait un gueux de mer. Oh ! quel coup pour votre père ! quelle honte pour votre famille ! quel malheur pour votre âme qu’une pareille passion ! Prévenez-la, mon enfant ; hâtez-vous de la prévenir.

— Je tâcherai de le faire, madame, reprit la jeune fille en baissant les yeux ; mais sa rougeur semblait dire : ce serait une peine inutile ; je ne l’oublierai jamais.