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cependant il eut assez d’assurance pour continuer :

« Quand vos relations avec les gueux de mer seront connues, le conseil des troubles sévira contre vous. Vous n’êtes pas sans avoir entendu parler de ce fameux conseil des troubles, que le peuple appelle ici le tribunal du sang. Le président, don Jean de Vargas, est mon compatriote et mon parent. Il se croira intéressé à venger l’injure que vous m’avez faite, et vous savez que tout fléchit devant Jean de Vargas.

» Voici maintenant à quelles conditions je puis tirer de péril : je suis gentilhomme et officier comme le père de dona Marguerite ; si je n’ai point de richesses à lui offrir, mon rang me donne d’assez belles espérances. Que votre nièce oublie les moyens dont je me suis servi pour obtenir sa possession ; qu’elle devienne mon épouse, et vous êtes sauvées toutes deux. »

La douairière, qui jusqu’alors l’avait patiemment écouté, se leva, et avec la même fierté que si elle n’eût rien eu à craindre, elle lui répondit : Si notre innocence ne suffit point pour nous défendre, jamais nous n’achèterons notre sûreté par une alliance avec un homme sans honneur.

L’Espagnol interdit resta quelques moments immobile ; puis, jetant entièrement le masque, il sortit en jurant de se venger,

Quand Marguerite eut appris de sa tante les offres et les menaces de ce scélérat, les larmes s’échappè-