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Pendant les deux jours qui suivirent son arrivée la baronne de Berghes se rendît chez des amis sur lesquels elle comptait. La noble dame y était assez bien reçue aussi longtemps quelle laissait ignorer l’accusation qui pesait sur elle : mais quand on apprenait qu’elle était compromise les visages se rembrunissaient, la froideur succédait au zèle, les excuses aux protestations d’amitié : ceux qui parurent conserver quelque intérêt pour elle lui conseillèrent unanimement de se cacher jusqu’à ce que le nouveau gouverneur, dont on attendait l’arrivée, eût fait connaître ses intentions ; car on espérait qu’il publierait une amnistie générale.

Le soir du second jour, comme elle rentrait dans son asile, triste et désespérée, un officier espagnol se présenta à elle. C’était don Christophe de Sandoval. La douairière frémit en le reconnaissant. Lui se mit à sourire et une joie maligne brilla dans ses regards.

Ils étaient seuls dans le parloir de la maison. — Chère dame, dit l’Espagnol, vous ne vous attendiez pas sans doute à me revoir aussi tôt : mais ne craignez rien ; je ne vous garde pas rancune, quoique vous m’ayez fait passer une bien mauvaise nuit, et je ne suis venu à Bruxelles que pour vous tirer d’embarras.

En parlant ainsi il s’efforçait de prendre un air de franchise et de bienveillance, mais le visage de la baronne n’exprimait que le mépris et le dégoût ;