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soldat ; et, tout en parlant de la sorte, ils le délivraient de ses fers avec une promptitude et une adresse merveilleuses.

Quand cette besogne fut terminée on entendit les pas de quelques hommes qui approchaient. Des armes ! dit le vieux guerrier, des armes ! on ne nous forcera pas aisément ici.

— Tenez-vous tranquille, répondit le vieux Dirk ; ce sera quelque ronde.

Le bruit augmentait, et il était facile de s’apercevoir qu’on se dirigeait vers le cachot. Bientôt une clef tourna dans la serrure ; aussitôt les deux marins couvrirent leurs lumières et se blottirent dans un coin, tandis que le capitaine se jeta à terre comme un homme endormi.

La porte s’ouvrit : on aperçut don Christophe de Sandoval en grand uniforme ; il prit un flambeau des mains d’un de ceux qui l’accompagnaient et ordonna qu’on le laissât seul avec les prisonnières.

À la vue de celui qui les avait plongées dans cet horrible cachot les deux dames se rapprochèrent l’une de l’autre et Marguerite cacha sa figure dans le sein de sa bonne tante. Celle-ci, rassurée par la présence des marins, jeta un regard de mépris à l’Espagnol et murmura quelques paroles menaçantes.

— Mes nobles dames, leur dit le féroce président, c’est à mon grand regret que l’on vous a enfermées dans cette hideuse prison ; veuillez me suivre, je vous conduirai dans un lieu plus digne de vous.