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duites au milieu des écueils : préparez-vous seulement à lever l’ancre.

La baronne frémissait : — Dieu nous garde, répondit-elle, de nous confier encore à des révoltés ! mais si vous voulez faire une action méritoire, au nom du Ciel, sauvez ce vieillard.

Le vieux loup de mer, tout stupéfait, tourna ses regards sur le prisonnier. — C’est un soldat, dit-il avec un air de mépris.

— C’est un infortuné ! s’écria Marguerite : sauvez-le, votre capitaine vous récompensera.

— Comme le pauvre diable est garrotté ! reprit le pilote : il est temps d’ouvrir ses sabords, ou, par ma foi, il va étouffer.

L’officier s’éveilla et regarda avec étonnement ces deux inconnus : leurs vêtements de toile grise et leurs ceintures rouges n’avaient rien de bien remarquable ; mais ils étaient hérissés d’armes. Des crampons de fer garnissaient leurs genoux et leurs coudes ; des pistolets, des coutelas et des poignards remplissaient leurs poches et leurs ceintures, et ils tenaient en main, outre leurs lanternes, des pinces, des limes et toutes sortes d’instruments.

— Camarades, je vous remercie, leur dit le vieux capitaine, dès qu’ils eurent détaché son bâillon ; il n’est pas difficile de vous reconnaître pour des gens de mer, car un homme ordinaire ne pourrait se remuer équipé comme vous l’êtes.

Ce compliment fit plaisir aux deux marins : Il a du bon sens, dirent-ils ; c’est dommage que ce soit un