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gnol en souriant avec dédain, et qu’on lui envoie un confesseur.

Cet ordre fut exécuté ; car les agents du tribunal obéissaient aveuglément au président, sachant bien que ses deux assesseurs n’étaient là que pour la forme et ne pouvaient avoir un avis sur ce qu’ils ne comprenaient pas.

Ce fut alors le tour de la baronne et de sa nièce. La vieille dame, forte du témoignage de sa conscience, alla fièrement s’asseoir sur le banc des accusés, mais Marguerite, épouvantée du spectacle dont elle avait été témoin, trouvait à peine la force de se soutenir.

Qu’elle est belle ! se disaient les deux juges en l’admirant. Le président se taisait, mais le feu de ses regards trahissait sa pensée, et tous les assistants frémirent en voyant quelle proie allait tomber dans les mains de cet homme odieux.

Après avoir recueilli le nom et l’âge des deux dames, don Christophe de Sandoval leur demanda comment des personnes d’une famille si respectable, et qu’il lui était cruel de devoir juger, avaient pu se rendre à bord d’un flibot des gueux de mer.

— C’est à notre insu qu’on nous y a conduites, répondit la baronne.

— Excellente défaite, vraiment ! Mais que dit la jeune demoiselle ?

Marguerite voulut confirmer ce que sa tante venait de dire, mais la voix lui manqua.

— Seigneur, s’écria la douairière, ma nièce est