Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chrétien… Vous vous êtes trouvé, il y a trois jours, chez le seigneur bourgmestre ?

— Je m’y suis trouvé comme vous.

— Greffier, dit alors le président en espagnol, écrivez qu’il avoue le fait… Vous avez rencontré là un chef des rebelles.

— Je n’en sais rien.

— Mais vous le croyez ? qu’importe !… Après avoir entendu ses blasphèmes contre le Roi, vous l’avez déclaré un brave ?

— J’admirais sa hardiesse, et certes il y a peu d’hommes qui en eussent montré autant.

— Greffier, écrivez qu’il approuve la conduite du gueux.

— C’est faux, s’écria le vieux militaire, qui comprenait l’espagnol.

— Ne dites-vous pas que c’est un brave ? n’est-ce point avouer que vous l’admirez, que vous l’aimez ?…

— Seigneur président, interrompit l’accusé, je n’ai pas servi quarante ans sans savoir ce que veut dire le mot de brave, et si vous le comprenez aussi bien que moi j’espère vous retrouver en sortant d’ici.

Don Christophe de Sandoval ne répondit pas, mais il fit un signe à une douzaine de hallebardiers qui entouraient l’accusé. Aussitôt tous se jettent à la fois sur le vieux militaire, et malgré sa résistance, ils le terrassent, le garrottent et lui mettent un bâillon sur la bouche.

— Jetez-le en prison, dit alors le féroce Espa-