Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Winchestre ! répéta-t-il en levant les mains au ciel.

— Non, répondit Dirk Dirkensen.

— Quoi ! s’écria le domestique, ne m’avez-vous pas dit…

— Que j’étais envoyé par le petit-fils de ce bon seigneur ; mais, pour Louis de Winchestre, je ne le connais pas, à moins qu’en changeant de bord le jeune homme n’ait arboré un nouveau pavillon… Je me rappelle que l’amiral le nommait toujours sire Louis… Pour nous, nous l’appelions lieutenant, et quelquefois aussi le diable, parce que le feu paraissait son élément, quoiqu’il n’eût presque pas encore de barbe.

— Oh ! monseigneur, dit le valet de chambre, c’est certainement lui ; il aura caché son titre dans l’exil où il vivait.

— Marin, dit le vieillard d’une voix altérée, retourne-toi et regarde ce portrait : ressemble-t-il à l’homme dont tu parles ?

Dirk retourna la tête et vit le portrait d’un jeune homme dans l’adolescence. — Il manque deux choses à cette figure, dit-il : la couleur que donnent le soleil et la poudre, et la cicatrice d’un coup de sabre, dont le lieutenant a été balafré.

L’émotion du vieux seigneur croissait à chaque mot. — Et de quel message es-tu chargé pour moi ? reprit-il en faisant un effort pour déguiser son agitation.

— Je suis venu vous signaler l’approche du jeune