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— Vous venez un peu tard ; l’heure à laquelle il admet les pauvres est déjà passée.

— Et qui t’a dit que je fusse un pauvre, maudit perroquet ? s’écria Dirk Dirkensen en serrant les poings. Crois-tu donc, fainéant, qu’un homme de cœur, qui possède l’usage de ses bras, voulût mendier le pain de ton maître ? Passe encore si j’avais perdu la moitié de mes agrès !

— Peut-être, reprit le domestique, avez-vous fait quelque commission pour notre seigneur, ou bien est-ce un compte que vous avez à régler ? je vais vous conduire à l’intendant.

— Que le tonnerre t’écrase ! il n’est pas question du valet, mais du maître : allons ! que quelqu’un de vous me serve de pilote, car je suis pressé d’aborder !

— Nous ne pouvons vous introduire ainsi.

— Eh bien ! je m’en vais,… et quand mon capitaine aura pris le commandement, du diable si je ne l’engage pas à vous faire tous jeter par-dessus le bord !

Il allait sortir, quand le seigneur de Gruthuysen, qui avait entendu retentir la voix rauque du marin, envoya demander ce que c’était.

— C’est un message de bonnes nouvelles, répondit le pilote ; mais la marée est trop basse, je reste en rade et votre maître n’à qu’à prendre patience.

— Mon ami, dit le valet de chambre qui était venu s’informer de la cause du bruit, veuillez vous expliquer plus clairement.