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— Vous nous quittez, mon lieutenant, dit-il, et Baudouin Éwoutsen va succéder au brave Worst ! Adieu donc le flibot que j’ai si longtemps gouverné ! Dirk Dirkensen aussi prendra le large,

— Mon vieil ami, répondit l’officier, j’ai des devoirs sacrés à remplir : un vieillard, dont le sang coule dans mes veines, a longtemps pleuré mon absence ; je vais retourner auprès de lui, et m’efforcer d’adoucir la douleur que je lui ai causée. Mais je n’oublierai point mes braves compagnons d’armes, toi surtout, Dirk, toi qui m’as plus d’une fois tiré de péril, et dont je connais l’attachement à ma personne. Prends cet or, ajouta-t-il en lui présentant une grosse bourse, et si jamais un asile manquait à ta vieillesse, souviens-toi du comte de Winchestre.

Le pilote repoussa brusquement la main qui lui offrait la bourse, et essuyant les larmes qui lui roulaient sur les joues : — Est-ce donc pour toujours, dit-il, que vous renoncez aux combats ?

— Non, Dirk ! non certes. Aussi longtemps que la patrie aura besoin du courage de ses enfants, je serai prêt à verser mon sang pour elle.

— Eh bien ! répondit le vieux Zélandais, laissez-moi partager votre destinée. Je me suis trop attaché à vous, mon lieutenant, et au grand amiral que nous avons perdu, pour jamais recevoir les ordres d’un autre. Prenez-moi donc avec vous : si vous vous reposez, je jouirai du repos, et si vous vous remettez en croisière, je reprendrai mon mousquet.

Touché de l’affection du vieillard, Louis de Win-