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LE GUEUX DE MER

nand Alvarès de Tolède, duc d’Albe. Mais quand ses cheveux commencèrent à blanchir, et qu’il eut vu le dernier de ses enfants, Gidolphe de Bruges, mourir sur un champ de bataille de la mort des héros, il déposa son armure, et revint dans sa patrie consacrer ses dernières années à l’éducation de son petit-fils, Louis de Winchestre, seul rejeton de l’antique race des Gruthuysen[1].

À la même époque, le comte de Waldeghem, brave officier qui avait accompagné le vieillard dans presque toutes ses campagnes, perdit son épouse, et le chagrin qu’il conçut de cette perte le détermina à quitter un pays où tout lui rappelait celle qu’il avait tant aimée. Il prit donc la résolution de faire le voyage d’Espagne, et avant de partir il confia à la protection du seigneur de Gruthuysen sa fille Marguerite, dont la naissance avait coûté la vie à sa mère. Jean de Bruges reçut avec joie ce dépôt précieux : les deux enfants furent élevés ensemble, et ils devinrent presque également chers au vieux gentilhomme.

Déjà cependant grondait l’orage qui devait bientôt éclater sur les Pays-Bas. L’hérésie de Luther et de Calvin faisait des progrès rapides, tandis que le roi Philippe empiétait chaque jour sur les droits de la

  1. Les seigneurs de Gruthuysen, ou Gruuthuise, ajoutaient à leur nom celui de Bruges. Le titre de comte Winchestre avait été donné à Louis de Gruthuysen par le roi d’Angleterre Édouard IV, que ce seigneur avait accueilli dans son exil. — Mr Van Praet, de Bruges, bibliothécaire du roi de France, a promis une notice sur cette famille illustre, depuis longtemps éteinte, et à l’égard de laquelle on trouvera quelques détails au chapitre XII.