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LOILOI

fontaine proche l’égliſe, dont le baſſin aſſez large eſt rempli d’eau qui eſt chaude & fumante en hiver, & ne gêle jamais. Si on y laiſſe tremper un bâton pendant quelques mois, on le retire enduit d’une croûte de pierre. La même choſe arrive aux jumelles de deux moulins qu’elle fait moudre peu loin de ſa ſource, & à la muraille ſur laquelle l’eau rejaillit en tombant ; ce qui oblige le meûnier de piquer cette croûte de tems en tems : & ce qu’il y a de ſurprenant, c’eſt que les habitans qui ne boivent d’autre eau que celle de cette fontaine, ne ſoient pas attaqués de la gravelle ou de la pierre.

On voit à Chinon, ville de Touraine, des caves dont la voûte diſtille une eau jaunâtre qui ſe pétrifie. Dans le même endroit ſort une fontaine, dont la ſurface eſt couverte d’une croûte de pierre.

Dans la Touraine, à une demi-lieue au-deſſous de Tours, ſur la rive ſeptentrionale de la Loire, la Choiſille, petit ruiſſeau, coule ſous le pont de la Motte, & ſe jette dans la Loire entre le village de Saint-Cyr & la Guignere. L’eau de ce ruiſſeau a cette propriété çue toutes les ſoies qu’on y trempe diminuent toujours d’une once par livre.

LOIRET, petite riviere de l’Orléanois propre, qui naît dans les jardins du château de la Source, à une lieue ſud-eſt d’Orléans. Cette riviere, qui n’a que deux lieues de cours, ſort de deux ſources, à ſoixante-dix toiſes de diſtance l’une de l’autre. La grande ſource eſt au-deſſous de la petite, & ſort par une ouverture de huit à neuf pieds de circonférence, d’un abîme dont on n’a pu trouver le fond. La petite ſort de deſſous terre par une bouche de cinq à ſix pieds de circonférence. Ces deux ſources, ſuivant les remarques qu’on a fait, annoncent le débordement de la Loire par leurs crues inopinées & par les bouillonnemens de la petite. Le Loiret ſe jette dans la Loire peu au-deſſous de l’ancienne abbaye de Saint-Meſmin. Les eaux de cette riviere ne gêlent jamais, même dans le plus grand froid, enſorte que les moulins de la Loire devenant inutiles dans l’hiver, ceux du Loiret ne ceſſent de travailler.

le Loiret, outre ſon lit principal, a deux branches conſidérables, qu’on appelle bras, & qui s’étendent dans les terres à peu de diſtance de la ſource : le premier ſe nomme le bras du Bouc, & le ſecond le bras des Montées. Le Bouc ſe joint au Loiret vis-à-vis la Cour, maiſon ſeigneuriale de l’évêque, aujourd’hui réunie