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H. MOISSAN.

étudierons les propriétés dans le Chapitre suivant[1].

Au début de ces recherches, nous avions employé le courant produit par 50 éléments Bunsen grand modèle. Nous nous sommes aperçu bien vite que des courants d’une aussi grande intensité étaient inutiles et même nuisibles par l’élévation de température qu’ils déterminent. Le courant fourni par 20 éléments Bunsen est suffisant. Je citerai comme exemple l’expérience suivante, qui a fourni de très bons résultats. Commencée à 11h30m, le courant donnait 21 ampères. En intercalant l’appareil dans le circuit, on ne trouvait plus que 4 ½ ampères. À 2h30m, le courant indiquait encore 16 ampères et pendant la décomposition 3 ½ ampères.

Lorsque l’expérience a duré plusieurs heures et que la quantité d’acide fluorhydrique liquide restant au fond du tube n’est plus suffisante pour séparer les deux gaz, ils se recombinent à froid dans l’appareil avec une violente détonation.

Après l’expérience, si l’on démonte l’appareil, on voit que l’acide fluorhydrique contient en dissolution une petite quantité de fluorure de platine. De plus, une boue noire se trouve en suspension dans le liquide ; cette substance est formée d’un mélange d’iridium et de platine. L’électrode négative n’a pas été attaquée, mais la tige de platine formant le pôle positif est corrodée et se termine en pointe. En général, elle ne peut servir plus de deux fois.

Nous ajouterons aussi que, dans l’électrolyse de l’acide fluorhydrique, on peut obtenir à chaque pôle, en opérant dans de bonnes conditions, un rendement de 1lit,5 à 2lit par heure. L’expérience peut durer facilement trois heures, en l’arrêtant de temps en temps, si l’on emploie une quantité suffisante d’acide fluorhydrique.

  1. L’expérience qui nous a permis d’isoler le fluor a été faite pour la première fois le 26 juin 1886.