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H. MOISSAN.


Trifluorure de phosphore.

Lorsque l’appareil est monté, ainsi que nous l’avons indiqué précédemment, on porte le tube de platine au rouge et l’on déplace lentement par le mercure du gaz trifluorure de phosphore desséché au moyen de potasse caustique refondue au creuset d’argent. L’appareil étant rempli de trifluorure, si l’on arrête le courant gazeux, un vide partiel se produit ; le fluorure phosphoreux est absorbé par le platine.

L’expérience est différente si l’on maintient un courant rapide de gaz ; il se produit alors une petite quantité de pentafluorure de phosphore, instantanément absorbable par l’eau, ce qui indique qu’une certaine partie du fluor mise en liberté s’est reportée sur l’excès de trifluorure. La réaction semble donc tout d’abord être la même que celle produite par l’étincelle d’induction sur le trifluorure de phosphore.

Cependant le gaz que l’on obtient dans ces conditions présente quelques réactions particulières. Il décompose de suite une solution d’iodure de potassium et met de l’iode en liberté, de façon à colorer fortement du chloroforme. Il attaque le mercure ; enfin, recueilli dans une ampoule de verre, desséchée avec le plus grand soin, il la dépolit en peu de temps. Cette ampoule, ouverte ensuite sur l’eau, donne un léger dépôt de silice, indiquant l’existence d’une petite quantité de fluorure de silicium. Le gaz employé, essayé avant l’expérience, ne fournissait pas en présence de l’eau trace de silice. J’ai insisté, dans un autre Mémoire[1], sur les précautions à prendre pour éviter les composés du silicium dans la préparation du trifluorure de phosphore.

  1. Sur la préparation du trifluorure de phosphore (vide supra).