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H. MOISSAN.

Peu de temps auparavant, Ampère, dans deux lettres adressées à Humphry Davy, avait émis cette opinion que l’acide fluorhydrique pouvait être considéré comme formé par la combinaison de l’hydrogène avec un corps simple inconnu, le fluor ; en un mot, que c’était un acide non oxygéné, un hydracide.

Davy, qui partageait cette idée, chercha donc tout d’abord à démontrer que l’acide fluorhydrique ne renfermait pas d’oxygène. Pour cela, de l’acide fluorhydrique fut neutralisé par de l’ammoniaque pure, et le fluorhydrate obtenu fortement chauffé dans un appareil de platine. On ne put recueillir dans la partie froide de l’appareil que du fluorhydrate d’ammoniaque sublimé : aucune trace d’eau ne s’était formée. La même expérience, répétée avec un acide oxygéné, fournit une notable quantité d’eau.

Humphry Davy agrandit alors la question et chercha à isoler le radical de cet acide fluorhydrique, qu’il considérait désormais comme l’analogue de l’acide chlorhydrique, ce dernier étant formé par l’union de la chlorine et de l’hydrogène.

On peut, d’une façon générale, diviser les recherches entreprises sur le fluor en deux grandes classes :

1o Expériences faites par voie électrolytique s’adressant soit à l’acide, soit aux fluorures ;

2o Expériences faites par voie sèche.

Dès le début de ces études, il était à prévoir que le fluor décomposerait l’eau quand on pourrait l’isoler ; par conséquent, toutes les tentatives qui ont été faites par la voie humide, depuis les premiers travaux de Davy, le furent sans aucune chance de succès. Je ne m’y arrêterai pas dans cet historique.

Humphry Davy a fait beaucoup d’expériences électrolytiques, et ces expériences, il les a exécutées dans des appareils en platine ou en chlorure d’argent tondu, et au moyen de la puissante pile de la Société royale.