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H. MOISSAN.

ou l’acide chlorhydrique qu’en s’adressant à l’électrolyse du chlorure de calcium ou d’un chlorure alcalin.

Ne doit-il pas en être de même pour le fluor ?

Enfin le fluor étant, d’après les recherches antérieures et particulièrement celles de Davy et de M. Fremy, un corps doué d’affinités énergiques, on devait, pour pouvoir recueillir cet élément, opérer à des températures aussi basses que possible.

Telles sont les considérations générales qui m’ont amené à reprendre d’une façon systématique l’étude des combinaisons formées par le fluor et les métalloïdes.

Je me suis adressé tout d’abord au fluorure de silicium, et j’ai été frappé, dès ces premières recherches, de la grande stabilité de ce composé. Sauf les métaux alcalins, qui, au rouge sombre, le dédoublent avec facilité, peu de corps agissent sur le fluorure de silicium. Il est facile de se rendre compte de cette propriété, si l’on remarque que sa formation est accompagnée d’un grand dégagement de chaleur. M. Berthelot a démontré depuis longtemps que les corps composés sont d’autant plus stables qu’ils dégagent plus de chaleur au moment de leur production. M. Guntz a évalué cette chaleur de formation du fluorure de silicium et il l’a estimée égale à

+ 134Cal,7.

Je pensais donc, à tort ou à raison, avant même d’avoir isolé le fluor, que, si l’on parvenait jamais à préparer ce corps simple, il devait se combiner avec incandescence au silicium cristallisé. Et chaque fois que, dans ces recherches, j’espérais avoir mis du fluor en liberté, je ne manquais pas d’essayer cette réaction ; on verra plus loin qu’elle m’a parfaitement réussi.

Après ces premières expériences sur le fluorure de silicium, j’ai entrepris l’étude des composés du fluor et du phosphore. Ces corps avaient été peu étudiés depuis