Page:Moinaux, Les Géorgiennes.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.
RHODODENDRON.

Pas plus tard que ce matin, je l’avais envoyée si haut, si haut, que, ne la voyant pas revenir, je l’avais oubliée, lorsque, quelques heures plus tard, je me promenais avec une jeune particulière géorgienne, et, au moment où j’allais cueillir un baiser sur sa joue de rose, qu’est-ce qui tombe au milieu de nous ? ma canne ! Mais ce qu’il y a de plus superlativement extraordinaire, c’est que ce n’était pas la même. Heureusement que mes fonctions ne seront pas de longue durée ; je prends cette nuit même la poudre d’escampette pour aller rejoindre mes braves, et je les ramène ici vainqueurs sans combat, puisqu’ils ont réduit tous les hommes de cette cité à l’état de débris informes…

BOBOLI, à part.

Ne disons rien.

RHODODENDRON.

Ce qui m’étonne fort… Ah ! pour un tambour-major étonné, tu vois un pacha bien étonné.

BOBOLI.

Mais pourquoi donc qu’il parle comme ça ?

RHODODENDRON.

Tu as tout préparé pour ma fuite ?

BOBOLI.

J’ai un moyen de me débarrasser des gardes qui pourraient nous gêner ; mais le diable, c’est la clef de la poterne.

RHODODENDRON.

Où est-elle ?

BOBOLI.

C’est la générale qui l’a sous sa cuirasse.

RHODODENDRON, ricanant.

Sapristi !… non, mais je dis… sapristi !… il serait peut-être agréable de l’aller prendre ; mais facile, c’est autre chose.

BOBOLI, à part.

Mais, mon Dieu ! pourquoi donc qu’il parle comme ça ?