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POTERNO.

Mais sapristi, sergent, vous êtes assis dessus… c’est très désagréable.

(Ils se lèvent et se mettent à gambader.)
BOBOLI, entrant et jetant un cri de surprise.

Ah ! (Il disparaît.)

POTERNO, se retournant vivement.

Sergent, est-ce que vous n’avez rien entendu ?

JOL-HIDDIN.

Moi ?… si, il me semble… je ne sais pas ; je ne vois rien ; je n’entends rien ; je suis complétement abruti depuis hier.

POTERNO.

Ah ! nous nous sommes fourrés dans un joli guêpier.

JOL-HIDDIN.

Comment ! nous nous sommes ?… dites que vous nous avez fourrés, caporal Poterno, car c’est votre idée, cette fameuse idée de faire les faux blessés qui nous vaut d’être traités comme des vrais…

POTERNO.

J’ai dit que je n’en répondais pas, sergent, et je vous ai prié de proposer la vôtre.

JOL-HIDDIN.

J’y avais renoncé, on ne pouvait l’exécuter qu’à la condition d’avoir les cheveux rouges, de parler dix-huit langues vivantes et de connaître la pêche à la morue ; c’était trop compliqué. Enfin ;ça ne peut pas durer comme ça ; il faut que ça cesse aujourd’hui, sinon…

POTERNO.

Qu’est-ce que vous ferez, sergent ? nous ne sommes pas en force.

JOL-HIDDIN.

C’est un fait que toutes nos femmes sont armées jusqu’aux dents et exaspérées ; si encore ce n’était que les femmes !…

POTERNO, air crâne.

Certainement, si ce n’était que… Mais Boboli et ses esclaves en ont aussi des armes.