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TRAITÉ DE L’OCCIDENT

piété, que celle de tous ces beaux êtres d’or qui voulurent être des âmes utiles, fut-ce même à Dieu.

J’ai vu à Rome une élégante statue, blanche comme du lait, la Vénus de l’Esquilin, provoquante par sa jolie tenue sur deux belles jambes, dont les cuisses s’enflent comme des voiles. Tout son corps se hausse vers deux bras qui veulent s’étirer sans doute : au fait, ils sont cassés et, s’ils ne l’étaient point, ils seraient probablement, comme tant d’autres, des bras facultatifs. Ah ! que de statues deviendraient des chefs-d’œuvre si l’on en supprimait les bras. Cette indifférence des gestes me scandalise. Une statue qui ne fait rien ne me paraît pas belle. Les vierges et les saints de nos porches combattent pour l’existence. Ils se justifient eux-mêmes ; ils enseignent et ils servent à leur place. Loin d’eux qu’ils se contentent d’une expression de volupté vague, ainsi que celle-ci, belle de paresse, la Vénus fainéante ! Je lui préfère quant à moi une certaine fille de Laon que j’ai connue dans la domesticité. Elle paraissait trop grande et un peu lâche ; sa figure était d’une sobriété