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REVUE DU MONDE MUSULMAN

mentionne aussi les Khodjas, en les donnant pour une « secte ou caste du Cutch » qui mêle des croyances hindoues et chiites, avec tendance perceptible en dernier lieu à rejeter l’élément hindou pour revenir à la pure doctrine chiite[1].

Enfin, The Sphere ajoute, en 1906, quelques renseignements qu’il est intéressant de reproduire, en en indiquant la source. Les Khodjas, dit l’article du 30 juin, « font preuve d’une tendance remarquable à étendre leur influence par prosélytisme en pays nouveaux. Cela a été en particulier le cas en Afrique, où l’Aga compte de nombreux fidèles à Zanzibar, et dans l’Afrique Orientale allemande, où ils se dénombrent par dizaines de mille. L’année dernière, l’Aga a visité cette région, en se rendant par terre dans le royaume indigène d’Ounyoro. Il a été acclamé de tous côtés comme un Khalife ».

Sans doute, ces renseignements, de provenances multiples et d’âges variés, ne suffisent pas pour donner une idée définitive de la statistique géographique des Khodjas. On n’acceptera pas sans bénéfice d’inventaire l’évaluation globale de The Sphere, qui porte à 2.000.000 le chiffre total des serviteurs religieux de l’Aga Khan actuel. On n’en retiendra pas moins le fait suggestif d’une autorité religieuse absolue s’étendant sur 155.000 adeptes dévoués, aux Indes, et sur beaucoup aussi en dehors des Indes, de Zanzibar à l’Oman, de la Perse au Turkestan chinois, en passant par l’Afghanistan[2]. Les Khodjas ne seraient-ils pas plus nombreux en dehors des Indes qu’aux Indes mêmes, que leur dispersion géographique suffirait pour

  1. Precis, p. 280.
  2. Rien que Browne mentionne la Syrie parmi les pays où, suivant son informateur Babi, l’Aga Khan aurait des serviteurs religieux, nous l’avons laissée de côté, un peu à cause des indications dubitatives de St. Guyard et aussi parce que l’article de The Sphere n’en parle pas. (Cf. E. Browne, loc. cit., p. 460.)