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à l'état construit du pluriel, etc. Les deux premiers mots, orthographiés à la manière hébraïque, seraient alors: # "A la reine Astarté”, Mais, dans l'inscription d'Eschmunazar, on a la forme ### à l'état absolu; en outre, il serait singulier qu'il n'y eût pas ###.


L'expression ### pouvait n’avoir pas de genre. Bien que le phénicien ait un mot pour signifier déesse, alona ou alonat1628, féminin de alon, dont le parallèle devait être éla ou élat, féminin de el, il semble cependant que le mot Dieu était souvent employé pour les deux genres; ainsi l'on trouve, I Reg. x1, 5: ### "Astarté, dieu des Sidoniens". Il répugne encore plus de mettre au féminin le mot ###. Ce mot, connu depuis longtemps dans l'épigraphie phénicienne, et dont la vraie nuance nous échappe1629, n'est pas un simple adjectif.


Jusqu'ici on ne l'avait vu que réuni au mot ###, et formant avec ce mot une sorte de nom divin indivisible, Baal-Hamman, qu'on traduisait par Baal solaire. Ici nous le voyons joint à ### et rapporté à Astarté. Le mot ### présente des phénomènes analogues. Son pluriel est indifféremment ### et ###, et signifie simplement "idoles". Enfin, il faut remarquer que, dans presque tous les monuments votifs où figure Baal-Hamman, figure Tanith, qui n'est qu'une autre forme d'Astarté1630. ### peut donc être un titre commun à ces deux divinités. Peut-être le sens primitif de ### s'était-il perdu et la dévotion populaire donnait-elle ce titre d'une façon abusive à toutes les divinités célestes.


M. Lévy est d'accord avec moi sur la lecture et sur l'interprétation de cette inscription. Pour échapper aux difficultés qu'elle présente, il propose quelques nouvelles conjectures, auxquelles je ne puis donner un entier assentiment. Entendre ### "le roi d'Astarté”, dans le sens du "mari d’Astarté" (le P. Bourquenoud propose la même hypothèse), c'est-à-dire Baal, me paraît peu naturel. M. Ewald s'est égaré ici dans des conjectures si bizarres qu'elles méritent à peine d'être mentionnées.


M. Bargès a lu tout autrement que M. Lévy et moi ce qui précède ###. Faisant commencer la première ligne plus à droite que la seconde, il voit deux lettres, ###, avant le caractère qui, pour nous, est la première lettre. Nous osons affirmer que les traits que le savant professeur a pris pour des parties de lettres sont des stries sans valeur. Quant à la première lettre réellement existante, celle qui est située juste au dessus de l'# initial de la seconde ligne, M. Bargès y voit un #. C'est sûrement un comme on peut s'en convaincre en comparant les autres # et # de l'inscription. On ne saurait non plus, selon moi, voir un } dans le caractère suivant, qui est très-clairement un #. Enfin, dans ce qui suit, je ne puis m'expliquer la lecture de M. l'abbé Bargès.


Mettons que les deux lettres qui suivent le # ne soient pas aussi clairement qu'elles le sont un # et un #, il sera toujours impossible de trouver place ici pour toutes les lettres supposées par M. l'abbé Bargès. En effet, le # de ### se voit évidemment