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MISSION DE PHÉNICIE.

inscriptions sont écrites d’une façon fort régulière ; on les croirait d’une même main ; mais la gravure est trop maigre, trop peu profonde, trop peu monumentale pour une écriture lapidaire. Cette ténuité extrême rend les textes de ce genre fort difficiles à reconnaître, et c’est là sans doute une des causes de la rareté des inscriptions phéniciennes ; beaucoup doivent passer inaperçues.

I. — La plus considérable de ces inscriptions (pl. LVIII) se lit sur une dalle grise d’albâtre ou de calcaire siliceux extrêmement dur, d’environ trente-deux centimètres de long sur vingt-neuf centimètres de large. Cette pierre fut trouvée, ainsi que la suivante, vers la partie sud de l’acropole (versant sud de la colline), à une quarantaine de mètres des colonnes encore debout, au milieu de fragments grecs, de tronçons de colonnes et de pierres informes employées à la fondation de mauvaises murailles.

Les huit premières lettres de la première ligne ont été attaquées par une cassure, la seule qui dépare notre monument. Mais ces huit premières lettres peuvent être rétablies avec certitude. D’abord, les trois dernières présentent indubitablement le mot בעל Baal, qui, réunit au mot suivant, donne בעל שמם, nom de divinité qui se retrouve à la fin de l’inscription. Avant le mot בעל on voit l’extrémité inférieure d’une lettre qui paraît être un ל. Si l’on considère que le nom בעל שמם est précédé à l’avant-dernière ligne du mot honorifique אדני, et si l’on fait attention que les extrémités restantes des trois lettres qui précèdent répondent tout à fait au mot אדן, tel qu’il est tracé à l’avant dernière ligne, on obtiendra אדן לבעל שמם. On se voit ainsi amené presque forcément

    niciennes. (Cf. Lévy, dans la Zeitschrift der deutschen morgenländischen Gesellschaft, 1868, p. 539-541.) M. Merx doit cependant être consulté pour les chiffres ; le P. Bourquenoud a aussi fait une ou deux bonnes observations. Quant aux difficultés que ce dernier soulève contre l’explication de 773 ex, et l’existence du pronom אש ; — à son indignation devant la forme אַיַת ;  ; — à ses chicanes sur l’orthographe עַכְּדְאַלִים (comparez עַכְדְּאֵל dans Jérémie XXXVI, 26) et sur d’autres formes parfaitement correctes (p. 1069, 1070) ; — à son ignorance de la forme alon en phénicien ; — aux puérils malentendus des pages 1069, 1070 ; – à ses réflexions hors de sujet sur la finale ה ; — aux allégations matériellement fausses (p. 1066, note 1), qui prouvent que le but principal du P. Bourquenoud était de m’injurier, ce n’est pas ici qu’il convient de répondre à de telles observations, venant d’un parti pris de dénigrement ou de ce qu’on ignore l’état de la science dont on se permet de parler d’un ton arrogant. Je n’ai aucune prétention à l’infaillibilité. Pour répondre cependant aux personnes qui voudraient faire croire que mes recherches phéniciennes sont des tissus d’erreurs, je ferai observer que l’interprétation que j’ai proposée le premier, en 1862, de la grande inscription d’Oum el-Awamid n’a été modifiée qu’en ce qui concerne la 6e ligne, et que même cette modification n’atteint presque pas la traduction française que j’en ai donnée. — On trouvera aussi dans la Revue de l’Instruction publique, sept. 1862, p. 376, et dans les Comptes Rendus de l’Acad. des inscr. et belles-lettres, 1862, p. 86-88, quelques observations de M. Munk, portant pour la plupart sur des corrections que sûrement cet habile philologue n’aurait pas proposées s’il avait pu voir de ses yeux les monuments, ou s’il avait plus mûrement réfléchi à ce qu’a de téméraire cette manière de supposer à chaque pas des fautes de graveur dans des textes difficilement compris.