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Amoureuse et docile, qu’était-elle.

Il lui préférait de beaucoup sa maîtresse actuelle, une très jeune femme ravissante et voluptueuse qu’il commençait à aimer.

Germaine n’avait de prix à ses yeux, que dominante et infidèle. Jérôme l’avait abandonnée, elle était libre, elle l’aimait. Il serait la dernière passion de cette femme qui commençait à vieillir. Alors, la pensée qu’elle allait s’accrocher à lui, à lui Daniel, indépendant, guéri de cet amour et jeune le fit brusquement se lever.

— « Il faut que je parte… »

— « Qu’as-tu, dit Germaine, tu es fou. Où vas-tu ? »

— « Je suis obligé de partir, on m’attend. »

— « Ta maîtresse, naturellement. Donc toi qui dis m’aimer, ne vivre que dans mon souvenir et mon désir, tu me préfères ta maîtresse. Je me suis trompée sur toi comme sur Jérôme et vous êtes les deux êtres que j’aime au monde. »

Froidement, Daniel gagnait la porte.

Il ne songeait alors, non à être cruel, mais égoïstement qu’à se sauver, l’amour tardif de Germaine l’étouffait ; il fallait qu’il parte.

— « Ah ! dit-elle, tu me quittes. Eh bien, jamais, tu entends, tu ne reviendras ici, jamais, va-t-en. »

À peine est-il dans l’escalier que penchée sur la rampe elle le rappelle. Il remonte lentement.

Il la retrouve dans le petit salon, la tête dans ses mains, sans artifice elle pleure, le dos rond comme une vieille femme.